L'Union Nationale des Carpistes en Mouvement
- Eric Deboutrois
- 28 févr.
- 6 min de lecture
Dernière mise à jour : 1 mars
(Précèdent post) Avant publication du texte intégral du protocole PDN, l'UNPF devait le soumettre à ses instances délibérantes : son Conseil d'Administration du 15 octobre 2002 et son Assemblée Générale le 24 novembre 2002. Mais c’était trop beau... Pour des raisons que j’ignore, le président de l’UNPF (qui nous a toujours semblé de bonne foi) a du revenir sur ses engagements fin 2002.
Hervé Delcroix (FFPC) affichant une vision divergente avec le comité directeur de CAMOU, quitte le mouvement.
Création de l'UNCM

Le protocole signé devenant caduque, le collectif (amputé de la FFPC) décide d’organiser une manifestation le 29 mars 2003, symboliquement à Chalon sur Saône et au Lac de la ZUP, le premier endroit ouvert en PDN, et de faire une assemblée générale constitutive d’une association loi 1901 alternative. C’est ainsi que naîtra l’Union Nationale des Carpistes en Mouvement (UNCM). Philippe Lagabbe en sera le président, Stéphane Gonzales le vice-président, Pierre Chastre le trésorier, j'en serai le secrétaire.

Pour avoir une vision plus claire de l’évolution de la PDN depuis 10 ans (1994-2004) et pouvoir échanger sur des bases factuelles au-delà du ressenti que chacun peut en avoir (carpistes comme fédérations départementales), l’UNCM s’attache à calculer des indicateurs. Pour faire simple, le linéaire ouvert en PDN dans chaque département est rapporté au linéaire des eaux de 2eme catégorie, ce qui devait permettre de mettre en avant les fédérations progressistes. Toujours dans un esprit de progrès, l’UNCM sollicite la création de commissions pêches spécialisées auprès des fédérations, comme cela se fait déjà dans certains départements.
Lutte contre le trafic
Peu après la création de l’UNCM, et avant même une première AG festive au centre de pêche du Cœlacanthe, les échos de trafic de carpes remontent des quatre coins de la France. Concrètement, pour satisfaire la demande d’un catégorie de pêcheurs, « des propriétaires de pêcheries privées sont tentés de prélever dans les rivières du domaine public les plus gros spécimens de carpes pour ensuite les relâcher dans leur exploitation » (Verbatim de la question posée par un sénateur à la ministre de l’Écologie et du développement durable publiée dans le JO Sénat du 26/01/2006 - page 195).
Après celui de la PDN s’ouvre donc un second front pour l’UNCM qui s’empare du dossier trafic et mène un travail d’enquête. Plus de 500 plans d’eau privés sont ainsi recensés en France, dont de nombreux appartenant à des anglais. Sans aller jusqu’à les ânonner, rappelez vous les mots de l’article « anges ou démons », le refus du business et l’espoir que le syndrome de l’anglais qui fut un temps matière à référence, soit une maladie dont on puisse guérir. Dans les allées du forum de Montluçon de 2004, le président de l’UNCM fait un happening. Cagoulé comme un voleur, il déambule devant les stands et notamment celui de la marque Nash, enchaîné et encadré par deux (véritables) gendarmes, membres du conseil d’administration de l’association.

A l’image de ce qui se fait en Belgique avec le principe d’une fenêtre de capture, l’UNCM milite dès le début pour une maille inversée avec remise à l’eau immédiate des carpes de plus de 60cm, expérimentée sous mon impulsion en Deux-Sèvres par arrêté préfectoral en 2004.
De son côté la FFPC continue à travailler avec l’UNPF, ce qui débouchera sur l’ajout suivant à l’article R. 436-14-5° du code de l'environnement (celui qui autorise la PDN) « Toutefois, depuis une demi-heure après le coucher du soleil jusqu'à une demi-heure avant son lever, aucune carpe capturée par les pêcheurs amateurs aux lignes ne peut être maintenue en captivité ou transportée. » Le sac de conservation devenait donc interdit la nuit, sans que cela ne règle quoi que ce soit de jour. L’UNCM dénonce une reculade mais les dès étaient jetés... pour le moment.

Le crunch
Peu après l’AG d’Arc sur Tilles en 2005, Stéphane Gonzales (Media Carpe) pour la France et Tim Paisley pour l’Angleterre, conviennent d’organiser un Match France-Angleterre.
Le « crunch » doit se dérouler en Aveyron à Villefranche de Panat. Compte tenu des éléments en notre possession concernant le trafic, ainsi que de certains noms figurant sur la feuille de match dans l’équipe adverse, nous avons été quelques uns à nous poser la question de boycotter. Finalement, plutôt que de pratiquer la politique de la chaise vide, nous sommes allés nous confronter à la perfide Albion.
Pour faire court, l’ambiance à commencé à se tendre dès la veille du match. Philippe a donné le ton en refusant de serrer la main de Bob D. propriétaire anglais d’un plan d’eau du Limousin aux pratiques douteuses. Au moment du repas, Bruno Médou, Sam Salamagnon, Arnaud Mahut, Philippe et moi-même portions (plutôt fièrement d’ailleurs) non pas une marque mais les t-shirt de l’UNCM, avec inscrit dans le dos « I did’nt move the fish ». Les anglais ont pris cela pour une provocation, refusant de participer au repas d’ouverture et de poursuivre tant que nous les portions. Incident diplomatique donc. Stéphane nous a demandé de changer de tenue, ce que nous avons fait, fairplay… Le reste du match n’a pas grand intérêt et le résultat encore moins, puisque les anglais avaient gagné, une bataille du moins.
Changer la loi
En substance les arguments des trafiquants étaient que le poisson appartenait à celui qui le capturait, et qu’aucune loi n’interdisait d’emmener les poissons pour les mettre où ils voulaient.
Pour œuvrer comme savaient le faire Jo Nivers et son confrère Borniche contre une autre forme de trafic et de banditisme, il fallait que ce ne soit plus un délit d’éthique, il nous fallait changer la loi. En 2005 et 2006 l’UNCM a fait un travail de lobbying considérable dans le cadre du projet de loi sur l’eau et les milieux aquatiques (LEMA). Philippe Lagabbe a rencontré la Ministre de l’écologie et du Développement Durable, a été reçu à l’Assemblée Nationale par monsieur André Flajolet, député rapporteur de la loi sur l'eau, ainsi qu’à la FNPF, pour que les carpes de plus de 60 centimètres, ne puissent plus être maintenues en captivité ou transportées vivantes* y compris la journée et que l’amende soit portée à 22 500 euros en cas d’infraction.
*La FNPF a en effet considéré que le transport de carpes mortes devait rester possible quelque soit leur taille, pour les pêcheurs désireux de manger leurs prises (alors qu’il aurait été possible d’instaurer une fenêtre de capture).
L’art 56 de la LEMA n° 2006-1772 du 30 décembre 2006, désormais codifié comme article L436-16 II du code de l’environnement, stipule « Sont punis d'une amende de 22 500 €, lorsque l'espèce concernée est la carpe commune (cyprinus carpio) et que la longueur du poisson est supérieure à soixante centimètres, les faits prévus aux 1° à 4° du I ainsi que le fait, pour un pêcheur amateur, de transporter vivant un tel poisson. »
De pêcher ces espèces dans une zone ou à une période où leur pêche est interdite ;
D'utiliser pour la pêche de ces mêmes espèces tout engin, instrument ou appareil interdit ou de pratiquer tout mode de pêche interdit pour ces espèces ;
De détenir un engin, instrument ou appareil utilisable pour la pêche de ces mêmes espèces à une période et dans une zone ou à proximité immédiate d'une zone où leur pêche est interdite, à l'exclusion de ceux entreposés dans des locaux déclarés à l'autorité administrative ;
De vendre, mettre en vente, transporter, colporter ou acheter ces mêmes espèces, lorsqu'on les sait provenir d'actes de pêche effectués dans les conditions mentionnées au 1°.
Cette victoire sera célébrée par les membres de l’UNCM réunis à l’AG 2007 à Thouars (79), en présence du Président Claude Roustan de la FNPF, de Franck Volle de la FFPC, et pour la première fois de représentants du CEFAS (Centre for Environment, Fisheries and Aquaculture Science).

Le début de la fin
En dépit d'un travail de fond (100% bénévole) de tous les jours depuis 2003, de l'obtention d'un article de loi, de la publication de deux numéros de l’UNCMag en 2007 (gratuits pour les membres), d'une cotisation modique de 5€/an, le nombre d'adhérents plafonne à 1500. L'union (la mobilisation) n'est pas vraiment "nationale".

Après l’assemblée générale de 2008 à Chilac Brioude (43), puis celle du 21 mars 2009 à Saint Amand des Côts, l’UNCM sera dissoute faute de candidats pour remplacer le bureau sortant.
Ensuite quelques collectifs ont bien tenté de défendre les intérêts des carpistes, comme la bien nommée ADIC (Association de Défense des Intérêts du Carpiste), qui fera long feu. Comme l’avait prédit Christian Gustin, c’est localement que les avancées seront les plus notables en terme de PDN, chaque fois que les carpistes s’investiront dans les AAPPMA et fédérations. Après le Net Carpiste Libre, l’UNCL (Union Nationale des Carpistes Libres) et la CATAC (cellule anti trafic de l'association CarpOuest) poursuivront quant à elles la lutte contre le trafic, dans la plus grande discrétion.




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