CArpistes en MOUvement

Le son mélodieux du Modem 56k rythme l’attente d’une connexion qui tarde. Bruno Martel est employé de la SNECMA où d’habitude il travaille sur des réacteurs d’avion, mais actuellement son dos le fait horriblement souffrir, il est en arrêt. Nous sommes au tout début des années 2000. Pour prendre son mal en patience, Bruno crée un des tous premiers sites internet dédié à la pêche de la carpe. Ce n’est pas quelqu’un que l’on pourrait qualifier d’aigri, au contraire il est jovial, entier, direct.

C'était après l’époque contemplative d’après guerre où l’on prenait le temps de vivre, après celle plus récente des pionniers où tout était à découvrir et d’une certaine nostalgie pour ceux qui l’ont connue. Sûrement Bruno était-il mélancolique des années Mahin, celles où il était délégué régional FFPC Île de France, et d’une certaine idée de la pêche qui part à vau-l’eau. Il trouve que la politique initiale a déviée, qu’elle est trop axée compétition au détriment de la PDN, en tout cas elle n’est plus en phase avec ses convictions, ce qui l’a amené à rendre son tablier. Il trouve aussi que la quête des gros poissons fait faire n’importe quoi, que le business prend trop de place sur la passion, que ça déteint sur la presse spécialisée. Chacun en prend pour son grade sur son site, au nom volontairement provocateur : « putain de carpiste » !

Il est vite rejoint par une poignée d’irréductibles, ses potes Fabien Canonge et Jean-Claude Vibert, Mickael le Poursot dit "MIckey" un de ses amis d’enfance, Pierre Chastre - le président du « club des carpistes disparus » dans l’Allier-, John dit le petit Belge insolent, Jean-claude Vidal – journaliste à la dépêche du midi et à la Pêche et les poissons, également administrateur de la fédé de l’Aveyron, Jean-Philippe Forzani – qui deviendra rédacteur en chef de Carpe Magasine quelques années plus tard, et votre serviteur. La mayonnaise prend bien. Bruno, Fabien et moi allons pêcher ensemble en Seine, puis sur le Lot. Pour faciliter les échanges du groupe, Bruno ajoute à son site un des tous premiers forums de discussion ; il n’existait alors à peu près que que celui-ci et la toute première version de celui d’Alliance pêche.

Les carpistes en mouvement

Petit à petit, arrivent sur le forum ceux que Bruno, le cailloux dans la chaussure, égratignait : Hervé Delcroix, président de la FFPC, Philippe Lagabbe, Stéphane Gonzalez (rédacteur en chef de Média Carpe), etc. Après avoir échangé par claviers interposés, une réunion physique est organisée le 16 juin 2001 à Moulins, avec la FFPC et les médias : Hervé Delcroix, Jean Di-Ruzza, Franck Volle, Stéphane Gonzales, Philippe Lagabbe, Patrick Salord, Philippe Barabinot, Hubert Lachize, Dominique Audigué, Florian Molinié... Après cette prise de contact de l’ensemble des forces en lisse, il est à l’unanimité convenu d’organiser une seconde réunion à Chalon sur Saône pour aller de l’avant. Le cercle s’élargit (Léon Hoogendijk, Olivier Bernasson...) et il ressortira de la deuxième réunion plusieurs choses. D’abord une identité, à savoir un nom pour le mouvement, CAMOU (pour les CArpistes en MOUvement), un logo fait par les graphistes de pêcheur.com, la boite d’Olivier, un nouveau forum (hébergé sur le site de pêcheur.com) et une figure de proue mandatée par le comité de pilotage et tous les membres permanents de CAMOU pour représenter le mouvement : Philippe Lagabbe.

Ensuite un projet à court terme, lui même en deux étapes. La première : lancer une pétition demandant la généralisation de la PDN qui sera adressée à la Ministre de l’écologie, Mme Bachelot, à l’issue du forum de Montluçon en février 2002. La seconde : inviter et rencontrer le président de l’UNPF, Camille Solhehac au même forum.

Le protocole PDN généralisée

La pétition lancée par CAMOU, demandant la généralisation de la pêche de la carpe de nuit sur toutes les eaux de 2ème catégorie, rassembla 5000 signatures. Au forum de Montluçon, la rencontre avec le président de l’UNPF commence par les amabilités d’usages, devant une salle de conférence pleine de carpistes. Assez rapidement, aux milieux des arguments en faveur de la PDN, Philippe Lagabbe interpelle l’assemblée et le président Solhehac d’une tirade en forme d’ultimatum « on l’a attendue 15 ans, on n’attendra pas 15 de plus ». Depuis l’estrade son regard croise mon sourire au premier rang tandis qu’un tonnerre d’applaudissement monte dans une salle évidemment toute acquise à sa cause. Chacun était en fait parfaitement dans son rôle, Hervé Delcroix, angélique, poli et lisse, Philippe révolutionnaire et le président Solhehac ouvert, s’engageant à écrire et à proposer à la signature du mouvement, un protocole de pêche de nuit généralisé.

En effet, en septembre 2002 le protocole rédigé par l’UNPF est signé en son siège, rue Bergère à Paris, par Monsieur Solhehac, par Hervé Delcroix pour la FFPC et par moi même pour CAMOU (Philippe étant à cette date parti pêcher avec Léon dans le delta du Danube).

Avant publication du texte intégral de ce protocole, l'UNPF devait le soumettre à ses instances délibérantes : son Conseil d'Administration du 15 octobre 2002 et son Assemblée Générale le 24 novembre 2002. Mais c’était trop beau... Pour des raisons que j’ignore, le président de l’UNPF (qui nous a toujours semblé de bonne foi) est revenu sur ses engagements fin 2002.

>> la manifestation de Chalon/Saône et la création de l'UNCM