Les moulinets à tambour fixe (de 1900 à nos jours)
- Eric Deboutrois
- 1 févr.
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 10 févr.
Revenons en 1884, date à laquelle Peter Duncan Malloch (1853-1921), fabricant de moulinets le plus réputé d'Écosse, breveta son moulinet Sidecaster (littéralement lanceur latéral). Le fait de pouvoir tourner la bobine de 90° permettait de lancer plus facilement qu’avec les moulinets multiplicateurs en laiton ou qu’avec les Nottingham en bois de l'époque.

Quant à l’invention du principe du tambour fixe, elle reviendrait au vicomte Henri de France. On peut trouver une description de son système dans un numéro de « la pêche illustrée », reprise dans le livre de Fernand Serrane (p247 et suivantes) ou ici… L’invention d’Henri de France remonte à 1905, année où il emporta, grâce à celle-ci (et à son habilité) toutes les épreuves de lancer, tant en distance qu’en précision, du concours international de casting se déroulant au Cercle du Tir aux pigeons du Bois de Boulogne.
Peu de temps après, en 1907, le Baron Alfred Holden Illingworth (1869-1923), pêcheur et membre d’une grande famille de l’industrie textile commercialisa le tout premier moulinet à tambour fixe. Il en déposa le brevet, en s’inspirant très probablement de la façon dont le fil était enroulé sur les bobines dans l’industrie textile.

En mettant des bobines plus grandes sur ses modèles 2 et 3, Illingworth marquera un tournant (!) qui donnera la forme aux moulinets modernes.

Jusqu’à l’inversion du pick-up, il faillait ramasser le fil au doigt. Encore un anglicisme (to pick-up = ramasser) et pour cause, c’est un brevet déposé par la célèbre marque anglaise, Hardy.


La plupart des moulinets à tambour fixe de haute qualité et les plus vendus jusque dans les années 60/70 étaient fabriqués en Angleterre (Hardy, JW Young) et en France (Mitchell, Pezon et Michel).
Après guerre Léon Carpano & Charles Pons qui fondèrent Mitchell (une des 800 marques de moulinets français d’antan) exporteront « the » moulinet iconique, que tout carpiste de l’époque (y compris Richard Walker qui, avec, captura Clarissa) et que tout quinquagénaire de nos jours a déjà tenu au moins une fois dans sa main : le Mitchell 300. La première série existe depuis 1939, la seconde depuis 1942, mais c’est avec la troisième qu’en 1946 commencera l’exportation (distribution par Garcia aux USA, Balzer en Allemagne, Millard Brothers (Milbro) pour le Royaume-Uni).
Pour la petite histoire, Michel était le prénom du frère de Charles Pons et, d’un point de vue marketing, donner à ce prénom une consonance américaine contribuera certainement au succès de ce best-seller des deux côtés de l’Atlantique. A la fin de la guerre les pêcheurs américains voulaient en effet des moulinets à tambour fixe, qu’ils ne produiront qu’à partir en 1946.

Mitchell a incontestablement écrit une des plus belles pages du moulinet à tambour fixe au monde, ainsi que la maison Pezon et Michel. Comment ne pas citer les 4 modèles de Luxor, conçut par l’ingénieur Mauborgne : les Luxor Luxe et Suprême pour le lancer léger et mi-lourd (tous deux parfait pour la carpe), et les Luxor Saumon-Mer et Saumon-Mer Léger pour le lancer lourd.

Pour son style art-déco, citons également le magnifique moulinet Dooper fabriqué à Toulouse.

Dans les années 60/70, quelques moulinets haut de gamme furent produits en Suède tandis que de nombreux moulinets d'entrée et de milieu de gamme le furent au Japon. Avec l’essor de la pêche dite moderne de la carpe, quelques modèles sortiront du lot, dont l’ABU Cardinal 55 (le favori de Kévin Maddocks) ou encore le Mitchell 300 pro (1986).


Dans les années 70 l’entreprise allemande DAM (Deutsche Angelgeräte Manufaktur) connaît un certain succès, avant que les japonais se taillent petit à petit la part du lion, notamment les deux leaders que sont désormais Daiwa (créée en 1958) et Shimano (en 1970 pour les moulinets, 1921 pour les cycles). Dans les années 90 ces deux marques s’imposent, l’une développant le baitrunner que l’on retrouve sur un des moulinets cultes de l’époque, l’Aéro GT 8010, puis sur le Big Baitrunner long cast pour les pêches à longue distance, tandis que Daiwa (et les frères Mahin) rendent populaires les SS 3000 qui comme les TS 5000 qui leur succéderont ou encore les increvables Emblem qui les précédaient, sont depuis entrés dans la légende.
Quelques moulinets classiques carpe
ABU : Cardinal 55
Daiwa : EMS et EMX (4500, 5000), SS (3000 Entoth, 3000 i), EMZ 5000H, EMS,X, Z 5000T, TS 5000 et 6000,
Mitchell : 300 pro
Shimano : Biomaster 7000GT, Aerlex GT7000,
etc.
Quelques moulinets débrayables carpe
Daiwa : RGX et RGZ (4050, 4550)
DAM : quick finessa (FS 260 II, 360 III)
Mitchell : Privilège 70 SP
Shimano : BTR aéro et aéro GT (3500, 4000, 6010, 8010), Baitrunner (4500A, 6500A), Big Baitrunner LC (Long Cast)
Silstar GXB 60
Zebco : Quantum (QMD45)
etc.
A suivre la saga Daiwa...



Cet article sur l’histoire des moulinets à tambour fixe est vraiment passionnant, surtout si on aime comprendre comment les objets ont évolué avec le temps. Dès le début, en découvrant les premiers modèles comme ceux de Malloch ou d’Henri de France, j’ai pensé à quel point certaines inventions changent notre manière de pratiquer une passion, un peu comme les accessoires pratiques qu’on peut trouver sur https://www.miamtogo.fr/ pour faciliter le quotidien sans se compliquer la vie.
Au fil du récit, on suit une véritable petite aventure technique, entre brevets, innovations anglaises, inspirations venues du textile ou encore les modèles devenus cultes comme le Mitchell 300. C’est le genre d’histoire qui montre bien que derrière un objet qu’on pense simple, il y a…